Le 2 mars 2019, la mort d'Adam Soli et Fatih Karakuss à Grenoble

Samedi 2 mars 2024 à 09h59

Samedi 2 mars 2019 en soirée, deux jeunes habitants du quartier Mistral, Adam Soli (17 ans) et Fatih Karakuss (19 ans), sont morts alors qu'ils roulaient en scooter, poursuivis par une voiture de la brigade anticriminalité.

Loin des stéréotypes médiatiques, le Collectif Vérité et Justice pour Adam et Fatih a réalisé un Webdocumentaire en 5 petits épisodes pour essayer de comprendre ce drame, donner la parole aux proches des victimes et aux habitant-e-s du quartier, montrer une autre image d'Adam et de Fatih.

Parallèlement, le Collectif Vérité et Justice pour Adam et Fatih est toujours à la recherche de témoins, pour faire toute la lumière sur les circonstances du drame :

Rappelons que le mercredi 6 mars 2019, une Marche blanche a rassemblé plus de 2000 personnes dans le quartier Mistral :

 

Suite au drame du 2 mars, voici également une Tribune publiée par le collectif C Nous, l'Union de quartier Mistral, La Ligue des Droits de l'Homme, le Forum social des quartiers populaires, le Conseil consultatif des résidents étrangers de Grenoble, Les Fleurs d’Aurore, Horizons Femmes et Pas Sans Nous :

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Voici également un texte anonyme publié quelques jours après le drame du 2 mars :

"Une marche blanche aura lieu ce mercredi à 16h en soutien aux proches de Adam Soli (17 ans) et Fatih Karakuss (19 ans), et pour réclamer que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Poursuivis par la BAC, ils sont morts trop tôt.

Encore une fois, la police se rend responsable de la mort de deux jeunes. "Quand on voit Théo et Adama, on comprend pourquoi Zyed et Bouna courraient". On comprend aussi pourquoi Adam et Fatih ont pris la fuite alors qu’ils étaient interpellés par la BAC pour non port du casque.

Les courses-poursuites sont assassines

Les courses-poursuites, ou la menace d’en engager une, sont pourtant décriées par les keufs eux-mêmes quand elles mettent en danger les personnes. Un ex-commissaire rappelle ce « vieux principe […] enseigné dans les écoles de police : le trouble causé par une intervention sur la voie publique ne doit pas être supérieur au trouble qu’il est supposé faire cesser ».

La réalité est bien différente et ce drame en rappelle beaucoup d’autres. Trop. Celui de Tina et Raouf, tués en 2007 à Saint-Fons lors d’une poursuite. Malgré les éléments à charge, les keufs avaient obtenu un non-lieu. Ou encore la mort de Moushin et Lakhamy, la même année, à Villiers-le-Bel, renversés par une voiture de police. Ou encore celle de Malek, en 2010, à Woippy près de Metz, ou la mort d’Elyès, 14 ans, à Romans-sur-Isère en février 2015, celle de Mehdi à Vénissieux en 2016 ..

Sans oublier Thomas Claudio, percuté par une voiture de police le 6 octobre 1990 à Vaulx-en-Velin, alors qu’il roule en scooter. Plusieurs jours de révolte suivront, avec à la clé la mise en place de nouvelles politiques de la ville. En réalité, depuis plus de 20 ans, rien n’a vraiment changé...

Appel à témoins

Un appel à témoins a été lancé par les familles (voir instagram et facebook). Ils circulaient sur un scooter 125 Xmax Yamaha noir entre 22h et 23h à Catane. Toute personne qui aurait des éléments peut se rapprocher des familles.

Le procureur de Grenoble a donné dimanche soir une version des faits : Adam et Fatih se seraient fait percutés par un bus. Mais cette version est fortement remise en cause, la BAC est accusée d’avoir percuté le scooter. Quand on connaît les méthodes de la BAC, on est en droit de douter... Le parchocage, c’est à dire le fait pour une voiture de percuter un autre véhicule (essentiellement des deux roues) est censé être interdit par une circulaire de 2005. C’est pourtant une méthode dont les keufs Rhône-alpins se sont fait une spécialité depuis les années 90.

Cette technique a un avantage indéniable, la quasi impossibilité de prouver la culpabilité effective des keufs. Dans tous les cas, poursuivre deux jeunes en scooter jusque sur l’autoroute pour une infraction routière, c’est déjà une mise en danger extrême. Adam et Fatih ne sont pas morts d’un accident de la route.

Et s’ils n’avaient pas été de Mistral, un lycéen et un employé de restau conduisant sans casque auraient-ils été poursuivis jusqu’à leur mort ? Dans le quartier, comme dans tous les quartiers populaires, c’est clair que les provocations de la BAC et ses comportements racistes sont monnaie courante, que les porcs y jouent les cow-boys et que Fatih et Adam savaient bien ce qu’ils fuyaient.

Pas de justice, pas de paix

Depuis 3 jours à Mistral la colère s’exprime et les keufs (CRS, police nationale, BAC, gendarmerie) quadrillent le quartier. Les appels à se rassembler pour réclamer justice sont devancés par la répression : des cars de CRS et la BAC sont là bien avant l’heure. Lacrymos et tirs de LBD contre cocktails molotov et feux d’artifice.

Soyons nombreux.se.s en soutien aux proches pour que la répression ne transforme pas la colère en abattement et n’efface pas les demandes de justice. Tant qu’il n’y a pas de justice, il n’y aura pas de paix."