Film : A gun for Jennifer

Samedi 21 janvier 2017 à 19h00

Projection du film "A gun for Jennifer" (1995). Après avoir tué son mari psychopathe en Ohio, Allison fuit vers New York. Là elle est sauvée d'un viol par un groupe de féministes activistes qui ont décidé de lutter contre les incessantes agressions envers leurs "soeurs" en assassinant ou castrant leurs cibles. Un film-culte de luttes contre les violences patriarcales ?

Voici un extrait d'une critique du film publiée dans le journal Libération en 1998 :

"Les amateurs d'Ocni (objet cinématographique non identifié) devraient se régaler à l'apparition de A Gun for Jennifer et faire le récit de leur vision avec autant d'entrain que ceux qui ont vu des petits hommes verts atterrir dans leurs salades. En l'occurrence, des petites femmes vertes, martiennes de la planète New York qui se vivent en groupe de filles battantes: à la fois stripteaseuses, le soir, et redresseuses de torts faits aux femmes, la nuit. Une nouvelle déboule dans leur paysage, Allison, blonde bouseuse de l'Ohio, sur le point d'être violée par deux voyous. Les sisters interviennent in extremis et font très concrètement bouffer leurs couilles aux violeurs. Après avoir elle-même flingué un des deux agresseurs, Allison est percluse de reconnaissance et se met en ménage collectif avec ses sauveuses, juste après avoir changé de prénom.

Amazones urbaines. Allison devient Jennifer et s'initie à la militance musclée de ses nouvelles copines: «Tu vises d'abord aux roustons et tu discutes après.» Ou encore: «Un homme mort ne peut plus violer.» Sur ce (le récit ayant le chromosome de la déconstruction), Billie, une fliquesse black, et Grady, son jeune assistant, enquêtent sur les meurtres à répétition perpétrés par les amazones urbaines. Beaucoup de sang va en découler, c'est-à-dire beaucoup de rouge. Car, contrairement au ministère de la Culture qui a fait savoir que le visa d'exploitation du film n'était accordé que sous réserve d'une interdiction aux moins de 16 ans et d'un avertissement portant sur «la cruauté de certaines scènes», il ne faut surtout pas prendre A Gun for Jennifer pour ce qu'il n'est pas: un film sérieux ou manifeste tendance résurrection du Scum Manifesto de Valeria Solanas. Sa scénariste-actrice Deborah Twiss et son réalisateur Todd Morris multiplient suffisamment d'indices d'humour et de déconnade pour qu'on sache à quel film s'en tenir. Quant à la violence" Vaste débat pour la Marche du siècle. Auquel on pourrait cependant jeter deux cailloux: Primo, A Gun for Jennifer hurle à tout bout de plan qu'il est une fiction et pas un reportage. Deuxio, sa «violence», qui lorgne en souriant du côté du gore le plus grand-guignolesque, reste très en deçà de n'importe quel JT de 20 heures. Quant au cinéma du film, du cadrage approximatif au jeu à l'emporte-pièce des acteurs, il n'est pas sans suggérer les riches heures du cinéma underground new-yorkais, ou les premières oeuvres défoncées d'un Abel Ferrara.

Toutes ces excellentes choses étant dites, on peut cependant discuter le dénouement de A Gun for Jennifer, qui semble célébrer la sainte alliance entre la fliquesse et les justicières, sous le prétexte un peu mince qu'elles sont toutes des femmes biologiques."

À 20h

Au Cinéma Juliet Berto
Grenoble

Ciné Club de Grenoble

4, rue Hector Berlioz
38000 Grenoble

www.ccc-grenoble.fr/

label...