Rassemblement de soutien à Julien Fouquet pour son procès contre Faure Vercors

Mercredi 8 novembre 2017 à 12h00

Julien Fouquet, ancien conducteur de car, est en procès avec son ancien employeur Faure Vercors pour non respect du délai de prévenance applicable afin d'avertir en temps et en heure les travailleurs de leur planning.

Voici le communiqué de presse intersyndical appelant à venir le soutenir au tribunal, puis le témoignage détaillé de Julien Fouquet, qui donne un aperçu des conditions de travail des conducteurs de cars...

Le témoignage de Julien Fouquet :

"J'ai été conducteur de car chez Faure Vercors à Sassenage. Nous avions notre planning dans notre casier la veille au soir pour le lendemain matin. Quand nous étions de repos, il fallait appeler notre exploitation pour savoir. Les conducteurs de car reçoivent leur emploi du temps du jour pour le lendemain, y compris pendant leur jour de congé, dans de nombreuses boites de la région, et ce quotidiennement, au service de la TAG, Transisère, la Région, ou la SNCF, qui sous-traitent sans se préoccuper des conditions de travail !

Dans notre boîte, on a même officialisé le fait qu'on pouvait nous appeler pour venir travailler pendant nos congés !

Or la loi oblige à un délai de prévenance de 7 jours ouvrés. L'inspection du travail a contrôlé ma boite pour constater les manquements à loi.

J?ai essayé de me battre dans ma boite en interne, mais j'ai finalement choisi la voie juridique, afin de m'en sortir dignement, et d'en faire profiter mes collègues. Je suis donc parti de cette entreprise en dénonçant ces conditions inacceptables et illégales: j'ai eu gain de cause en première instance. Faure a fait appel de cette décision, c'est pour ça que nous passons en audience ce 8 novembre.

Depuis que je suis parti, les conducteurs ont leur boulot l'avant veille pour le lendemain, par le biais d'un programme "prévisionnel", pas toujours respecté. Cette procédure en prud'hommes est longue est couteuse, comme vous pouvez l'imaginer, mais elle permet quand même de faire admettre aux employeurs leurs méfaits. Il faut savoir qu'au début de ma démarche, il m'a été proposé une grosse somme d'argent de leur part pour que je stoppe mon combat juridique.

D'autre part, ce combat juridique n'a été possible que parce que la convention collective s'imposait sur l'accord d'entreprise de ma boite: ils ont d'ailleurs essayé de faire croire que leur accord passait avant et autorisait de donner le travail la veille à midi, ce qu'ils ne respectaient même pas !!

Ce ne sera plus possible avec l'instauration des nouvelles loi "travail": un accord d'entreprise sera facile à trouver pour pouvoir donner le planning au dernier moment et il ne faudra plus respecter la convention collective.

=> CETTE ABSENCE TOTALE DE PRÉVISION SE MOQUE COMPLÈTEMENT DE NOTRE VIE PRIVÉE. Tu ne peux jamais rien prévoir, en semaine ou en week-end.
- Tu apprends au dernier moment que tu es en congé le lendemain: tu n'as donc rien organisé en conséquence, et tu ne peux en profiter avec qui que ce soit.
- Pendant tes jours de congé, tu te prends la tête à joindre ton planning pour savoir si tu bosses et quand.
- Ils ne te répondent pas, tu appelles 3-4 fois, tu y passes 1 heure : tu te sens comme une merde.
Tout ça pour apprendre que tu es encore en congé et que tu étais au milieu de ton week-end en fait. (mince, encore raté?!)
Et tout ça plusieurs jours de suite parfois..
- Tu peux passer des mois sans 1 week-end prévu. Tu sens que tu te désocialises ? La blague entre collègues, quand tu dis que t?as prévu 1 truc le soir, ou qu'on t'appelle sur ton portable: "ah, mais t'as encore des copains toi?!" -
- Ta copine te culpabilise de jamais savoir.
- Tes proches n'arrivent pas à comprendre et à se rappeler que tu ne peux jamais rien prévoir: tu te sens humilié devant eux de te faire prendre pour un con comme ça.

=> CETTE PRECARITÉ RENFORCE TON INFÉRIORITÉ DEVANT TA HIÉRARCHIE: tu ne pourras jamais te plaindre ni meme discuter du travail qu'on t'impose car tu ne sais jamais à l'avance ce que tu vas faire !
-C'est toujours un espèce de chantage  pour obtenir des créneaux en journée en vue d'un rendez-vous, en échange de les dépanner au dernier moment, voire il faut que tu utilises 1 CP pour être sûr.
-Comme tes heures sont annualisées, ton exploitation a un pouvoir sur ton salaire, si tel jour tu ne les arranges pas, il ne te donne pas de travail, ou te font travailler la nuit, bref jouissent d'un pouvoir direct sur ta vie, selon leur humeur et surtout selon leur relation avec toi sur le moment.
-Et bien évidemment, vu que personne ne sait comment il va travailler les jours d'après, une réunion entre collègue pour parler de tout ça est hors de propos.

=>Cette précarité ne permet pas non plus de bosser correctement. Souvent tes chefs ne sont même plus là quand tu prends connaissance de ton planning : tu ne peux donc demander aucun renseignement. Sans aucune anticipation, tu ne peux donc rien préparer, et encore moins t'impliquer dans ton boulot. Le lendemain tu as honte devant les clients car tu découvres ton boulot, et tu  ne peux pas dire si c'est toi qui viendras la fois d'après.

Tout ça alors qu'ils savent le boulot en avance puisque les veilles des jours fériés ou de week-end, ils planifient et distribuent le travail sur plusieurs jours, et qu'on sait très bien que 80% du boulot consiste en des services  réguliers commandés au moins à l'année!!

CETTE INTRUSION SUR LA VIE PRIVÉE DANS LE SECTEUR  DU TRANSPORT TOUCHE  AUSSI DE PLUS EN PLUS DE GENS DANS D'AUTRES SECTEURS, qui se voient obligé(e)s d'être disponible tout le temps de jour comme de nuit, en plus d'avoir des horaires très découpés, empêchant toute vie sociale et familiale digne de ce nom.

Nous ne sommes pas utilisables à souhait, au bon vouloir de notre direction, à  n'importe quel moment. Ce train de vie ne permet ni de réel repos, ni de conditions de travail sereines.

Nos chefs connaissent les besoins d'activité et peuvent organiser le travail: si ce n'est pas le cas, à quoi servent-ils ? A nous engueuler car nous n'avons pas su gérer un boulot donné au dernier moment ? Ou à nous  maintenir dans la précarité pour nous empêcher de relever la tête, s'organiser,  et réagir à ces conditions de travail de merde?

Nous sommes de plus en plus dans des boulots où tu es à la merci du patron: en intérim, journalier, chômeur avec petits contrats, uber-je-sais-pas-quoi, précaires de toute sorte... : on s'organise ? ou on finit tous et toutes en arrêt maladie chacun(e) de notre coté, comme beaucoup le font en CDI, mais comme d?autres ne peuvent même pas le faire? ?

Des conducteurs ou des travailleurs qui se parlent, c'est des patrons qui font moins ce qu'il veulent.  Des syndicats existent.

Refusons ces emplois du temps au dernier moment, n'acceptons pas le travail gratuit à la maison, qui s'ingère doucement mais sûrement dans nos vies privées: par exemple imposons d'avoir du temps payé pour préparer nos itinéraires.
Les patrons nous prennent suffisamment la tête au boulot: ils ne doivent pas commencer à nous bouffer la vie à la maison, à s'interroger sans cesse sur quoi sera fait notre lendemain !

De plus, exigeons de la part des donneurs d'ordre qu'ils incluent des clauses sociales dans leur marché public, afin que les conducteurs qui transportent la population tous les jours arrêtent de subir ce train de vie là !

Et battons-nous contre cette loi travail, qui veut faire reculer ce qui reste encore de nos droits en tant que travailleur !!"

À partir de 13h

En salle 15 (1er étage)
Palais de Justice
Place Firmin Gautier
Grenoble

Le Palais de justice de Grenoble

Place Firmin Gautier
38019 Grenoble

Deux sites internets :
www.cours-appel.justice.fr/grenoble

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