Le 20 mai 2017, des gendarmes tuent le paysan Jérome Laronze

Jeudi 20 mai 2021 à 06h00

Le 20 mai 2017, Jérôme Laronze, éleveur à Trivy en Saône et Loire, a été tué par des gendarmes alors qu’il était en fuite pour échapper au harcelement administratif des services vétérinaires sur sa ferme. À l’occasion de l’anniversaire de sa mort, des collectifs (Vérité et justice pour Jérome Laronze, Collectif hors-normes) organisent des rassemblements dans plusieurs villes de France pour dénoncer l’impunité des gendarmes et la pression administrative sur les petites fermes.

En Isère, des proches du réseau Reclaim The Fields ont organisé en 2018 un rassemblement symbolique devant la Direction départementale du territoire (qui abrite la Direction départementale de contrôle des services de protection de la population anciennement direction des services vétérinaires) autour d’un café/jus de pomme pour en discuter, se rencontrer, lire des témoignages, peut être rendre un peu plus visible cette pression des contrôles qui n’est pas une exception, surtout parce qu’aucune situation d’irrégularité administrative -en agriculture comme ailleurs- ne peut justifier que quelqu’un soit harcelé, traqué et tué.

Pour rappel : Jérôme Laronze était éleveur de vaches à Trivy en Saône et Loire. C’était un paysan qui s’interrogeait sur l’hyper-réglementation sanitaire analysée et vécue comme complexe et injuste envers les plus faibles, mais aussi incapable d’empêcher les dérives des puissants groupes industriels. A la 5e génération sur cette ferme familiale, il avait converti son exploitation en bio. Autodidacte, cultivé et passionné par son travail, il a cherché à comprendre le sens des réglementations imposées aux paysans : normes sanitaires en constante évolution, traçabilité absolue du bétail quelle que soit la taille et le mode de commercialisation de l’exploitation, contraintes vétérinaires à répétition (campagnes de prophylaxie et autres), normes assujettissantes et autoritaires liées à la PAC… Il dénonçait une réglementation absurde et sans réelle efficacité pour la protection des consommateurs et des consommatrices. Il quitte la Confédération Paysanne dont il était porte-parole en refusant de signer la charte des bonnes pratiques de contrôle.

Depuis 2010, il subissait des contrôles à répétition, il sera marqué par l’humiliation et la violence de ces contrôles, effectués avec des gendarmes arme au poing. Le 6 juin 2016, un contrôle de la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations) a tourné au drame : le troupeau, apeuré par le déploiement des militaires dans la pâture, a cherché à fuir en se précipitant dans la rivière, et plusieurs de ses bêtes n’ont pas survécu. La situation de Jérome Laronze était bien connue des services de l’état qui n’ont pas opté pour la médiation. Au contraire, c’est l’escalade dans la méthodes et les moyens de contrôle qui a été employée aggravant le harcèlement et poussant cet éleveurs à prendre la fuite. En effet, le 11 mai 2017, 3 agents de la DDPP sont venus procéder a un recensement du cheptel en vue d’une saisie.

Contrairement à la version officielle des faits largement tronquée, Jérome n’a été menaçant à aucun moment ; il a précisé qu’il n’avait pas foncé sur les gendarmes lorsque ces derniers l’encerclaient, mais seulement tenté de les effaroucher avec son tracteur pour se protéger. Il a prit la fuite et après 9 jours de traque par les agents de la brigade de Cluny, Jérome a été localisé. Réveillé par ces derniers, Jérome aurait tenté de fuir. Six balles ont été tirées, dont trois mortelles, l’une tirée latéralement a atteint l’artère fémorale, et deux l’ont touché à l’omoplate, atteignant les organes vitaux. Aucune balle n’a été tirée de face. Jerome avait 36 ans. RIEN ne peut justifier qu’un·e paysan·e soit abattu·e. Aucune situation d’irrégularité administrative -en agriculture comme ailleurs – ne peut justifier qu’une personne soit harcelée, traquée et tuée. Source de l’association justice et vérité pour Jérome Laronze.