Séminaire "René Girard et la pensée décoloniale" #3 : Double conscience, identité et altérités chez Frantz Ibrahim Fanon

Mercredi 13 mars 2019 à 14h30

Dans le cadre des 4èmes Rencontres de géopolitique critique, séminaire en quatre séances du 11 au 15 mars sur le thème "René Girard et la pensée décoloniale", avec Ali Babar Kenjah, auteur de "Essai sur la violence antillaise - René Girard au prisme du discours antillais".

Voici la présentation du séminaire :

"Avec la publication de La violence et le sacré, en 1953, René Girard jette un froid dans de nombreux départements de recherche en sciences sociales et humaines. Ses hypothèses de travail, son interprétation, brouillent la cartographie des pratiques du savoir pour suggérer une théorie unificatrice de tous les champs de production de l’humain : les mécanismes de production de la culture et de production de la nature qui accompagnent l’hominisation jusqu’à la production des textes évangéliques sont exposés.

Car la matière de Girard n’est pas la glèbe des fouilles, ni l’immersion au sein des tribus lointaines. Sa matière ce sont les textes. Textes mythologiques et chroniques plus historiques, textes hétérogènes au sein desquels il va mettre en évidence une information récurrente : Aux moments critiques où les sociétés traditionnelles jouent leur survie (crise sociale, famine, épidémies, catastrophes naturelles), les mythes attestent qu’elles mettent universellement en œuvre un processus de restauration de l’unité par la désignation et l’expulsion d’un bouc émissaire chargé de tous les maux.

Derrière l’image du bouc émissaire, c’est bien sûr l’universalité du sacrifice humain comme fondation de toute société, que nous invite Girard à reconnaître …

Au-delà de ces problématiques générales, il faut délimiter un second champ de problématiques à partir des deux questions suivantes: 1) les thèses de Girard informent-elles particulièrement la violence coloniale ?; 2) ces thèses informent-elles le cas particulier de la colonialité antillaise ?

Autrement dit, qu’en est-il de la violence et du sacré au sein du Discours antillais ? Comment Girard et les maîtres de la modernité antillaise dialoguent-ils pour un dépassement ?

Deux champs de problématiques seront interrogées transversalement durant le séminaire : 1) logiques mimétiques / raison différentialiste ; 2) violence légitime / violence illégitime..."

Thème de la séance du 13 mars : "Parti en quête des thèses de Girard à travers le premier chapitre de Les damnés de la terre, 1961 - chapitre intitulé De la violence – j’ai mis à jour, chez Fanon, une structure énonciative profondément duelle, voire duale ou bipolaire, dans l’analyse radicale de la violence coloniale et de la légitimité de la violence anti-coloniale.

D’une part Frantz, l’Antillais, métis et outsider qui en a vu d’autres et relativise... D’autre part, Ibrahim le converti nègre bicot, plus vrai que vrai dans le rythme local et le déroulement implacable des logiques victimaires...

Il semblerait que l’outsider créole, tout en incarnant l’universalité de la Révolution algérienne, ait clairement perçu la future instrumentalisation mythico-nationaliste que les élites urbaines du FLN imposeront à la nouvelle société, jusqu’au soulèvement anti-occidental et traditionaliste des campagnes pour un retour aux valeurs non-technocratiques…

Nous réfléchirons, notamment à partir d’extraits de WEB DuBois, sur la notion de « double conscience »..."

De 15h30 à 18h

Institut Fourier, Salle du conseil
100 Rue des Mathématiques
Campus Universitaire, Saint Martin d'Hères

Le programme complet des 4èmes Rencontres de géopolitique critique est disponible ici.