Abbaye : Les Volets Verts pour un milliardaire ?

09/02/2024

Le groupe Ogic du milliardaire Norbert Dentressangle a été retenu pour réhabiliter 12 des 15 bâtiments HLM de l'ancienne cité Abbaye, surnommée les "Volets Verts". Ces bâtiments pourraient être transformés en 135 logements dont 16 en habitat participatif, une résidence étudiante de 90 chambres, des commerces et un centre de santé associatif.

Ce projet et le choix du groupe Ogic soulèvent de vives polémiques. Lesquelles ? Pourquoi ?

Voici les explications du collectif Droit Au Logement Isère :

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"Spéculation immobilière aux Volets Verts : Sous couvert de mixité sociale et de rénovation du patrimoine, la Ville de Grenoble s’apprête à vendre des HLM au secteur de la finance !

"Le défi majeur est que le secteur de la finance ne se redéploie pas sur les biens communs que sont notamment la forêt, le logement".
Eric Piolle, lors du Marché International des Professionnels de l’Immobilier en 2021

La municipalité veut vendre nos logements HLM

Lundi 5 février 2024, les éluEs grenobloisEs s’apprêtent à permettre la vente de 224 logements HLM bons marchés des Volets Verts à l’Abbaye, quartier populaire grenoblois. Ces immeubles presque centenaires sont nos biens communs qui ont été construits et rénovés avec l’argent public, et surtout avec l’argent des locataires d’Actis qui y ont vécu parfois sur des générations.

Les habitant.es historiques chassé.es de leur quartier...

Depuis plus de dix ans, les locataires modestes du quartier sont considérés comme des indésirables : on leur explique qu’au nom de la mixité sociale, il faut partir. Ils/elles ont été chassé.es de leurs immeubles pour faire place nette aux futur.es nouveaux.elles arrivant.es, et relogé.es dans de mauvaises conditions sans garantie de pouvoir revenir dans leurs logements une fois les travaux finis…

… les sans-logis et mal-logéEs aussi !

On comprend mieux également l’acharnement de la mairie à expulser les mal-logéEs organisés avec le DAL qui avaient investi un de ces immeubles fin 2020 (le 7, place Laurent Bonnevay) afin de bloquer le processus de vente et d’obtenir des relogements pour les mal-logés : tout le monde se souvient de cet hiver où l’eau, le chauffage et l’électricité avait été coupés aux occupantEs pour les faire partir ! Si les occupantEs ont fini par être relogéEs, le projet lui a poursuivi son chemin !

366 logements HLM bons marchés disparus dans le quartier

Outre les 224 logements HLM vendus, il faut rajouter les 142 logements du Grand Châtelet démolis en 2012. Et ce ne sont pas les quelques immeubles réhabilités par Grenoble Habitat ou reconstruits par Actis, à trop haut niveau de loyers comparés aux anciens HLM, qui vont rétablir l’équilibre et permettre à la population majoritairement pauvre du quartier de se loger convenablement.

Des logements proposé à 250€ le m² à Norbert DENTRESSANGLE...

Aujourd’hui, les éluEs veulent les brader au promoteur OGIC à environ 250€ le m². Ce serait un véritable cadeau à la société appartenant au milliardaire Norbert DENTRESSANGLE, 39ème fortune française et poids lourd du secteur de la finance qui brasse 3 milliards d’euros et 750.000 m² « d’actifs immobiliers » (soit l’équivalent de 100.000 logements !).

… qu’il veut revendre demain à 4.000€ le m² après travaux !

C’est donc une très grosse famille du capitalisme français, qui prospère sur la spéculation immobilière et foncière, qui va profiter de la transformation de logements sociaux en « m² d’actifs immobiliers » : après travaux, le promoteur a en effet estimé un prix de vente des logements à 4.000€ le m², soit environ 30 millions d’euros de bénéfices à la clef d’après nos calculs.

Un cas d’école de gentrification

En faisant « apparaître » 135 logements privés à 4.000€ le m² et une résidence privée de 90 chambres étudiantes en plein milieu d’un quartier populaire parmi les pauvres de Grenoble, la majorité d’Eric Piolle cherche-t-elle à se faire adouber par les milieux de l’immobilier en provoquant un véritable appel d’air en direction des promoteurs ? Que vont devenir les loyers des immeubles alentour et leurs habitant.es lorsque les spéculateurs auront confirmation qu’ils peuvent désormais les revendre deux fois leur prix actuel ? De plus, hasard ou coïncidence, le quartier de l’Abbaye ne fait pas partie des zones « encadrées » par l’expérimentation de l’encadrement des loyers.

En pleine crise du logement cher, 70 ans après l’appel de l’Abbé Pierre !

Leur calendrier, prévu depuis des années, tombe mal : les politiques de soutien au marché privé de l’immobilier ont provoqué une terrible pénurie de logements peu chers, que ce genre de projets nuisibles aggrave de fait. A l’heure où des écoles sont occupées pour mettre des enfants à l’abri et qu’il n’y a jamais eu autant de familles désespérées de trouver un logement, c’est plutôt l’appel de l’Abbé Pierre que les éluEs devraient écouter, et pas le chant des sirènes de la famille Dentressangle !

Nous demandons aux éluEs de ne pas voter cette vente qui va détruire tout un quartier et provoquera des dégâts irréversibles qui se décupleront dans le temps.

Nous demandons de revoir avec les bailleurs sociaux de l’Isère, et non plus avec Actis seul, les possibilités d’une réhabilitation de qualité et sans augmentation de loyer de l’ensemble des immeubles : si chaque bailleur réhabilite deux immeubles comme l’a fait Grenoble Habitat, le compte est bon.

Nous soutenons les demandes des familles délogées des volets verts de revenir dans leurs logements une fois les travaux effectués.

A Grenoble, le 2 février 2024"