RIC de la Villeneuve : Verdict et perspectives

18/10/2019
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Du 14 au 20 octobre, un référendum d'initiative citoyenne (RIC) s'organisait de manière autogérée à la Villeneuve de Grenoble.

Quelle que soit leur nationalité, plus de 2 200 habitant-e-s du quartier étaient invité-e-s à voter "pour ou contre les démolitions de logements sociaux à l'Arlequin".

C'était le plus gros RIC organisé en France jusqu'ici, avec le soutien de plusieurs dizaines de bénévoles, une logistique et une rigueur juridique remarquables.

Résultat ?

526 personnes ont voté, ce qui représente un taux de participation de 23% (et donc 77% d'abstention...).

Parmi les votant-e-s :

- 365 personnes ont voté contre les démolitions (70,32 % des votant-e-s).
- 130 personnes ont voté pour.
- 24 personnes ont choisi l'abstention.
- 7 personnes ont voté blanc ou nul.

Comment expliquer cette forte abstention, malgré l'importante communication déployée dans le quartier ? Certain-e-s habitant-e-s avaient-ils peur d'éventuelles "représailles" s'ils ou elles participaient au RIC ? D'autres ne se sentaient-ils pas légitimes de participer à un vote ou à ce vote ? Est-ce plutôt un désintérêt de la majorité des habitant-e-s pour les questions politiques de manière générale, ou cette question politique là en particulier ?

De son côté, la majorité municipale de Grenoble va-t-elle prendre en compte les résultats de ce RIC pour modifier les chantiers prévus à la Villeneuve ?

À suivre...

* * *

Pour en savoir plus, voici deux Communiqués de presse du Droit Au Logement Isère :

"Du lundi 14 au dimanche 20 octobre, les habitants de la galerie de l’Arlequin à la Villeneuve de Grenoble ayant plus de 18 ans, et ce quelle que soit leur nationalité, ont pu répondre à une question simple « Êtes-vous pour ou contre les démolitions de logements sociaux à l’Arlequin ? »

Ce référendum est l’aboutissement d’une mobilisation d’un quartier sur plusieurs années contre les diktats des technocrates de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine qui imposent des démolitions dans toutes les opérations de rénovation urbaine en France. Il porte, plus récemment, la marque d’une des revendications fortes des Gilets Jaunes, le RIC, en lui donnant une réalité de proximité qui améliore encore cette exigence de l’écoute des citoyens.

La Ville de Grenoble, quant à elle, s’étant refusé de prendre part à cette initiative, ce sont les membres du groupe de travail RIC du Conseil Citoyen (Table de Quartier Villeneuve Village Olympique) qui ont initié seuls ce vote.

Ils ont rapidement trouvé le renfort actif des militants du Droit Au Logement, de l’Alliance Citoyenne, des Gilets Jaunes de l’agglomération grenobloise et d’un chaleureux soutien populaire.

Pour que ce RIC inédit soit reproductible, ils ont travaillé à en rendre les modalités irréprochables en s’appuyant sur les compétences d’experts :
- au début du scrutin, chacun des 2 jeux de clés des 3 urnes ont été remis pour toute la durée du scrutin à 2 personnes ne se connaissant pas (Bernadette Richard Finot et Gregory Busquet),
- chaque soir mise en sécurité chez 2 scrutateurs différents des listes d’émargement, et des urnes elles-mêmes,
- contrôle inopiné chaque jour de chacun des 3 bureaux par des scrutateurs indépendants.

La période du référendum a, dans ce même esprit, été précédée d’une campagne d’un mois pour que tous les habitants puissent se forger un avis. Les partisans des démolitions mettaient en avant une indispensable ouverture physique du quartier et le besoin de plus de mixité sociale. Les copropriétaires craignaient plus particulièrement que la remise en question des démolitions de logements sociaux ne menace les financements des réhabilitations obtenues pour eux.

Au terme d’un dépouillement qui a duré 3h30 (vérification des double vote, report des liste d’émargement des bureaux mobiles sur la liste d’émargement du Patio, double décompte des listes d’émargement, double décompte des bulletins) en présence des habitants, de nombreux scrutateurs, des membres de la Table de quartier dont un favorable aux démolitions, des journalistes (Place Grenet et Dauphiné Libéré), le résultat suivant a été publiquement proclamé :

VOTANTS émargés : 526
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Nuls : 2
Blancs : 5
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
POUR les démolitions : 130 (25,04% des exprimés)
CONTRE les démolitions : 365 (70,32% des exprimés)
ABSTENTIONS : 24 (4,62% des exprimés)"

* * *

"Les habitants ont décidé :
les décideurs doivent désormais... obéir !

Importante et historique prise de position des habitant.es de l’Arlequin face aux démolisseurs !
Le résultat est sans appel : 69,6 % des votants se sont prononcés contre les démolitions à l’Arlequin.  Toute la semaine, 526 personnes se sont déplacées pour voter, soit une participation au scrutin estimée à 23 %: un meilleur score que lors des dernières élections européennes de 2019 !
25 % des votants se sont prononcés pour les démolitions, et 5 % ne se sont pas prononcés ou ont voté blanc.

Il s’agit jusqu’à maintenant du RIC le plus important jamais organisé en France, sans aucun moyen financier, communicationnel ou logistique accordé par la mairie. Le sérieux du scrutin est à souligner : longue campagne d’information, implication de 50 habitant.es et bénévoles, présence de feuilles d’émargement, demande de justificatifs aux votants, tenue des bureaux de vote par des assesseurs, passage inopiné de 6 scrutateurs indépendants, dépouillement public, et suivi des recommandations CNIL… le résultat est irrévocable !

Malgré les tensions, l’abandon du quartier, les déménagements forcés, l’incertitude permanente, les promesses non tenues, les habitants disent NON !
Le DAL 38 salue ici le courage des habitant.es, qui se sont mobilisés pour défendre leurs logements malgré des conditions d’habitations très dégradées :
- une canalisation a sauté au 110 galerie de l’Arlequin sans réaction de la part du bailleur
- l’infestation des punaises de lit se poursuit au 90
- les habitants ne savent toujours pas dans quelles conditions ils seront relogées au 70
- les derniers locataires du 10 et du 20 reçoivent les premiers courriers recommandés, en prévision de leur expulsion.
- sur tout le quartier, au moins 370 logements sont laissés vacants.
- le tout au milieu de travaux dont la durée et la qualité ne sont pas connus : les exemples de réhabilitation du 40 et du 50, et les augmentations de loyer qui ont suivi sont loin de rassurer les habitants.

Les décideurs doivent ouvrir les yeux sur la réalité du quotidien vécu par leurs administrés et prennent des décisions allant dans le sens de leurs aspirations, et non dans le seul intérêt financier des grandes entreprises du BTP.

Le DAL s’attend désormais à ce que les décideurs – mairie, Métro, bailleurs sociaux, ANRU, prennent acte de la décision majoritaire des habitant.es du quartier de l’Arlequin, et que les mesures suivantes soient prises :

-> l’arrêt total des démolitions prévues
-> la reprise de l’entretien dans les parties communes et les logements
-> la réhabilitation sans augmentation de loyer et sans malfaçon de toutes les montées
-> le retour des locataires le souhaitant dans le quartier, en particulier au 10-20 Arlequin, et l’occupation des logements laissés vacants."

* * *

Pour comprendre les enjeux autour des chantiers de démolition de la Villeneuve, voici l'argumentaire de l'association Droit Au Logement Isère :